Naissance du caillot
Quelque chose dérape. Une erreur de stratégie.
En ce matin de janvier un lièvre qui n’aurait pas du se trouver là
détale entre tes jambes et fait basculer cette journée parfaite:
La visite se déroule pourtant de la façon la plus
harmonieuse qui soit. Tes homologues masculins posent des questions,
prennent de nombreuses photos dont quelques clichés avantageux de toi,
s’inclinent à la moindre de tes paroles, rient même, aux traits
d’humour que tu tentes et que l’interprète s’empresse de leur
rapporter. Tout va bien. Tu pressens l’important contrat que tu vas
négocier. Tout va si bien que tu oses, malgré ce que Directeur t’a
signifié la veille, tu oses leur proposer un rapide tour des ateliers
en guise de mise en bouche avant le déjeuner. Tu tends des masques aux
délicates narines nipponnes, puis
t’excuses de les précéder. Légère pression digi-
tale. Franchissement du sas. Sudation malgré les basses températures. Ouverture des portes
vitrées. L’odeur de carcasse bouillie se jette sur ta gorge et
l’empoigne pour ne plus la quitter. Tu titubes. La silhouette tombe
là-bas. Se relève, chaloupe et tombe. Une ouvrière te scrute,
spationaute au costume giclé de sang et dont le peu de peau que le
masque laisse entrevoir du visage, est
9