Verticale De Fureur
Un lieu vaste, en périphérie d’une grande ville.
L’homme : vous et moi
nous allons convenir d’une somme, comme c’est l’usage en pareille
occasion. Bien ! Je ne veux pas entendre vos tractations ou subir un
quelconque marchandage. Votre race est habile à ce genre de négoce et
je suis trop fatigué, pour m’offrir encore l’idée d’une humiliation.
Rire bref.
Rien n’est jamais d’une absolue clarté, n’est-ce pas ?
personne ne peut se contenter d’un fonctionnement binaire et je suis
pour le mélange des couleurs, sans coulure intempestive ni épanchement
incontrôlé, cela va de soi.
Voyez-vous, je sens à
vous parler
franchement ainsi dans cet espace clos…puis-je m’asseoir ? non, je vais
demeurer debout et
marcher, faire les cent pas devant vous, comme
une sentinelle vous permettez ?…pour organiser mes
pensées, j’en ai
besoin. J’ai un grand besoin de mouvement depuis peu, mon
travail sédentaire sans doute ou l’afflux soudain de remords, de
Verticale De Fureur
rêveries toxiques… Ce n’est pas cet endroit
confiné qui me procure cette sensation d’oppression au bas de la
poitrine, je ne suis pas oppressé non, je suis un bon petit soldat un
peu cardiaque qui a besoin, je vous le répète, de circuler !
Respirer
oh ne croyez pas que je veuille me donner en spectacle, j’ai horreur de
ça. La musique le spectacle, une paire de seins grotesques qui dansent
en pleine fumée, sur la table pas débarrassée, à la portée de mains
débridées ah non diable ! je veux simplement bien gentiment bouger.
Vous comprenez ? Aller librement, la nuque dégagée du reste du crâne,
comme des tas d’êtres humains dociles. Voilà.
Voyez-vous je me rends
compte en devisant gaiement avec vous, que j’ai choisi sans innocence
ce point d’appui comme principe de vie : l’humiliation. Cette cravate
me comprime le cou, elle donne l’illusion d’un double menton que je
n’ai pas et cette impression m’est fort désagréable ! Je n’ai pourtant
pas de ventre et j’ai d’ailleurs toujours tenté de cultiver un esprit
en ordre, régnant sur un organisme en parfait état de marche. Mon
cerveau continue de dicter ses injonctions à mon corps, prompt à les
exécuter. Jamais l’inverse.
Always under control !
Jamais il ne
viendrait l’idée à mes membres de se rebeller.