Dans cette pièce, autrement appelée Plage, on préférera mettre de côté les affaires courantes : le travail, la famille, l’action en bourse etc… Laisser tout cela au dehors. Par ailleurs, la pièce étant trop étroite et peu propice au déploiement intérieur, on se contentera d’apprécier ici un repos tiède et délicieux, agrémenté de quelques soupirs, souvenirs, tels ceux de madame A que nous voyons ici étendue sur un transat.
Ah et ça aussi qui nous parvient de la toile : le petit Nicomède a disparu. Aux lamentations, ou suées du grand public succèdera une plus fraîche information : Nicomède est mort. On se calme alors. Mais madame A n’est pas mécontente d’avoir ressenti cette petite panique... Hum ?
A soupire, reprend sa pose dans le transat et semble à présent somnoler.

A, comme la plupart des femmes de son âge, sied à un musée. Vous pouvez la voir au musée national par exemple, assise toute la journée à veiller les toiles et les sculptures, mais maintenant A est à la Plage, et c’est son moment préféré…

Le fils. Le fils porte cravate pour officier la journée dans un bureau, un bureau quelconque de la ville. C’est son jour demain enfin le congé de la semaine bien mérité. Il dit bonjour maman et


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puis s’installe dans le transat et pense à modifier l’inclinaison du soleil, que la mère, première arrivée, a flanqué à son zénith, mais une mollesse venant alors lui alourdir le bras, il s’en tient à desserrer le nœud de sa cravate et ça me suffit aussi ah voici un repos bien mérité soupire-t-il en fermant les yeux.

Ici il y en a beaucoup comme eux alignés, sourire béat sous le soleil radieux. Ils se laissent dorloter comme ça jusqu’à…

(Temps.)

Quand la faim leur tord l’estomac, alors ils regardent l’heure à la pendule et s’étonnent qu’il soit si tôt, le temps ne passe donc pas ! Mais si la pendule n’était pas là pour le rappeler, ils resteraient comme ça Oh des heures et des heures disent-ils en levant les yeux vers la toile bleue du ciel. Ils sont bien dans cette chaleur, avec la parfaite petite brise, le roulis, et le sable fin qui autrefois collait avec l’eau sur les jambes, ou se fichait dans les yeux, le maillot, autant dire que ce n’était pas bien propre tout ça, mais aujourd’hui fini le sable piquant, volant, bouillant, et la mer, profonde et dangereuse, la mer d’où soi-disant nous venons, fini de mettre les pieds dans ces abîmes-là, aujourd’hui tout est fait pour savourer, dans cette pièce, la plage en toutes saisons, et ce, sans ses inconvénients.


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