Le monde de Mars




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En projection ou au réel, une petite fille en fond de scène. Elle porte une jupe plissée et des bottes en caoutchouc. Tournant sur elle-même, elle tape du pied en rythme comme si elle voulait tasser la terre ou la défoncer. Au milieu de la scène un homme, Tonio, martèle la semelle d’une chaussure retournée. Une jeune femme s’appelle Mara, elle prend la parole. Lorsqu’elle parle sous la Voix de Mara les personnages ne l’entendent pas.
LA VOIX DE MARA :
Tonio,
je t’ai jamais aimé.
Tu as ouvert ta veste et j’ai glissé mes bras. J’ai pris ton nom, j’ai fouillé ta vie ton père et ta mère,
j’ai donné ma langue, je suis restée.
J’avais qu’envie de glisser, d’aller sous la pluie,
qu’on me caresse les fesses et qu’on me fasse manger.
Je voulais pencher sur quelqu’un.
Je dis je voulais mais c’était pas pensé,
je tombais raide en piquet sur ta route.
Mais j’ai tout de suite su
que ça m’embêterait jamais de laver tes affaires, tu avais des bras tellement fiers
qu’on pouvait qu’y mettre son coeur à y participer.
Je t’ai trompé dès le début,
avec des types comme toi pour pas te tromper de beaucoup.
Des types avec des bras, des types avec des mains,
Le monde de Mars

des taillés, des buveurs, des mecs faciles à monter, assez bêtes à con pour croire que c’était eux qui me sortaient leur pipeau.
Et c’était facile mon mec que pas un puisse rattraper l’autre d’une plus belle aventure.
Au début de glisser ma peau sous les ours
ça me faisait la paix,
ça m’empêchait de trembler sur un seul homme,
ça me tassait un peu. Au moins le matin.
Les graviers ça se réveille
devant les fenêtres de cuisine de cinq à sept,
sur l’ennui des façades, le flot sali du ciel.
Ca se réveille à la tombée du soir
ou quand on enfile ses chaussettes
et qu’on ressemble pas plus loin
qu’à un chien qui se lèche la patte.
Ca se réveille quelques fois toutes les cinq minutes
si t’as pas de quoi t’enfiler de quoi t’en défaire.
Entre dormir et courir on sait que ça s’appelle fuir,
on est champion, on a gagné l’abonnement gratuit.
On se voit courir all the day
comme une poule dégagée de sa tête,
et devant comme derrière c’est pareil.
Alors un soir parce que tu te sens née pour inventer la neige,
tu prends ton courage haut la main pour lancer ta grande pierre à la figure du grand malheur de ta petite vie et tu sors à l’homme que tu as installé dans ta vie :
MARA : Tonio, je pars.
TONIO : Alors tu remonteras des bières. Tu les prends rue d’Envergne chez le Turc.
MARA : Je pars… pas dans ce sens.








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